Deux semaines ici à Bali

Publié le par projets.d.iles.over-blog.com

 

Déjà deux semaines ici à Bali. Evidemment ça passe très vite. Arrivés à Denpasar à minuit, direction Sanur. Après une courte nuit, nous  parto ns marcher le long de la JL Tamblingan bruyante, brûlante, odorante, vivante. Encore un peu abasourdis par le décalage horaire,  nous errons, curieux, en laissant notre boussole, sous cette moiteur tropicale, retrouver le  nord.

Quelques anecd otes en guise de premières impressions.

 MonstreBali1

La religion : omni pr ése nte, chaque foyer et plus spécifiquement les femmes se plient aux trois rituels quotidiens et place aux points névralgiques de la propriété des offrandes aux divinités : des bâtons d’encens et des petits pani e rs en feuille de palme tressée, remplis de fleur s et pour les premiers de la journée un petit peu du repas préparé (du riz, plus rarement du poulet). Cette dévotion explique d’ailleurs que de nombreuses femmes refusent de s’absenter trop longtemps du foyer par peur de ne pas remplir leur devoir religieux et de voir les démons rentrer chez elles parce qu’elles auraient baissé la garde : ainsi beaucoup de femmes de Denpasar ne connaissent pas Kuta ou Sanur et n’ont jamais le pied en bord de mer. Un peu partout en ville,  le long de la mer, on fait des bons de côté en dTempleGoaLowah3écouvrant aux détours d’un trottoir une figure monstrueuse, armée et menaçante. Tous ces monstres de pierre défendent les hommes des divinités malines et  c ’e st  troub lant de côtoyer au quotidien ces personnages imaginaires com me si le fantastique participait au rée l constamment.

Avec les odeurs d’encens, le bruit, la fatigue on en viendrait à croi re au surnaturel … Il paraît que les enfants sont très dociles puisqu’on leur explique dès qu’ils marchent que en dehors de la maison, les démons guettent. D’après nous il y a plus de risques de se faire renverser par un scooter que dévorer par un monstre.

 

 

 

 

FileMoto

Le scooter : le plus pratique, le plus économique pour se déplacer c’est de louer un scooter moyennant 3€ / jour. Le plus simple donc mais certainement pas le plus sûr. Et on nous dit que le trafic est fluide comparé à Jakarta. Le marquage sur la route a du servir pour la construction des routes, en tout cas il ne sert à rien pour la conduite. Pas de règles ou à peine (on s’arrête au rouge mais on redémarre dès qu’on devine que c’est passé au vert de l’autre côté), on se faufile à droite à gauche sans ralentir, on klaxonne simplement pour dire qu’on passe (nous somme probablement les seuls à klaxonner par énervement, le flegme balinais sûrement ?...) C’est parfois tout une famille – les deux parents et deux enfants – qui tiennent sur un petit scooter ma is ce n’est pas pour autant qu’ilMaisChauds vont moins vite !



L’argent : on prend petit à petit la mesure du niveau de vie.

Le salaire  minimum légal est de 1 million de roupies (soit 85€) mais le salaire moyen est parait-il encore inférieur. Va comprendre. L’euro vaut11 500 roupies et on trouve plein de choses pour 1000 roupies (un paquet de biscuit, un petit pot d’eau), on mange dans un warung local pour 10 à 15 000 roupies. Les billets les plus utilisés, froissés, palpés sont les billets de 1000, 2000, 5000. Les billets de 100 000 roupies (9€) sont souvent droits et rigides comme s’ils sortaient tout frais émoulus du distributeur. On met un peu de temps à s’y faire et quand le pompiste nous demande 11 000 pour le plein du scooter et qu’il voit qu’on lui donne 115 000, évidemment il nous fait un grand sourire en nous rendant bien 4000.

 

 Puri Sokasati : Puri, palais en indonésien. Le terme est généralement utilisé pour les rois mais certains hôtels s’en affublent pour faire pompeux. C’est donc le nom de notre hôtel pour la deuxième semaine (du 19 au 24 juillet). Pour le trouver, il faut juste se rendre au point le plus bruyant de Denpasar. Pour 5€ par nuit on a donc accès à une petite chambre dont les draps restent collés aux matelas. On découvre la salle de bain indonésienne, minimaliste : toilettes turques, robinet et petite écope en plastique pour la toilette. La chambre donne sur un patio qui tourne autour d’un petit bassin d’eau croupie, grouillant de grenouilles noctambules et croassantes, patio enfin ouvert directement sur le carrefour où la circulation stoppe de 2h à 4h du matin (on a vérifié). L’endroit n’est pas sur les guides - et d’ailleurs aucun confrère touriste aperçu de toute la semaine – mais authentique. On commence les leçons d’indonésien et on n’est pas loin du « Taman 65 ».

 

Taman 65 : C’est le nom du melting-pot qu’a voulu Agung Alit (Alit le grand en bahasa indonesia), le directeur de l’ONG Mitra Bali que nous rencontrons le lundi 19 juillet. «Jardin 1965 » traduit littéralement. Un nom bucolique qui rappelle en fait la tragédie qui s’est déroulée à cet endroit en 1965. Suharto qui prenait alors le pouvoir, soutenu par les américains dans le contexte mondial de l’opposition des deux blocs Etats-Unis / URSS, décréta une nouvelle loi qui devait dicter la répartition des terres. A Bali, les terres appartenaient majoritairement à la royauté dont les Agung (les grands) faisaient partie. Une décision équitable, à première vue. Oui, mais dans le cas des Agung les terres étaient possédées et travaillées de manière collective : c'est-à-dire, dans le contexte de l’époque, de manière « communiste ». Ainsi la famille se transforma en nœud de vipères, les uns se déclarant fidèles au régime de Suharto, trahissant et dénonçant les autres qu’ils accusaient de communisme. A cet endroit donc, un jour de 1965, l’armée est venue massacrer toute une partie de la famille : le père, la mère, des frères d’Alit coupables de communisme. En souvenir, de cette tragédie, et dans l’attente d’une reconnaissance officielle par l’état (toujours dirigé nous a-t-on dit par les anciens proches de Suharto),  Agung Alit a donc baptisé ce lieu et en a fait un lieu de rencontres et d’échanges. En espérant qu’il soit un repoussoir à la folie des hommes…


CerfVolant

Mercredi 21 juillet, nous y allons donc pour suivre les présentations de mini-sujets de recherche menés par un groupe americano-balinais d’étudiants en sciences sociales. Chaque groupe est composé de balinais et d’américains et les présentations sont dans les deux langues. Un groupe avait justement choisi l’histoire de la famille d’Alit et la présentation soulève une vive polémique à l’intérieur de la famille. Le sujet est évidemment sensible, les réactions épidermiques. L’apaisement n’est pas pour tout de suite. Une personne explique que ce drame n’est que l’un des nombreux drames, quasi identiques, qui ont eu lieu dans différentes familles balinaises au même moment.

Un autre sujet traite de la gestion des ordures à Bali. La ville est découpée en zones, sous la responsabilité de boss gérant des « scavengers » (orduriers ? chiffonniers ?).  Des camions sont chargés de la collecte et déversent les déchets dans de vastes zones consacrées comme dépotoirs. Sans parler des conditions environnementales (production de méthane qui s’évapore en plein air) et sanitaires (un bon milieu de culture), la gestion est, d’après les étudiants, quasi-mafieuse. La sensibilisation menée par quelques ONG localement ne suffit pas à informer et faire prendre conscience à la population des risques encourus. Plus de 350 « chiffonniers » vivent dans ces dépotoirs, et travaillent dans l’ombre du gouvernement. Ils collectent les déchets recyclables et les vendent à leur boss. Les boss les vendent à leur tour à des compagnies privées ou publiques.  Chaque zone contrôle les chiffonniers (souvent des immigrés de Java) via leur carte d’identité temporaire et taxe l’activité de recyclage. Chaque chiffonnier recycle pour l’équivalent de 2,5 M Roupies par mois et n’en garde que 1 M environ. Après les premières interviews, aucun service du gouvernement ne veut plus répondre aux interviews. Consigne passée en haut lieu ? Quid du cycle économique à plus haut niveau ? Encore beaucoup de questions sans réponses  et on pense tristement à l’Italie berlusconienne qui connaît aussi ce drame avec des entreprises du Nord qui sous-traitent la mafia du Sud pour qu’elle déverse en plein champ des déchets parfois toxiques. Et nous achetons encore la mozzarella di Bufala! (Giulia n’est pas tout à fait d’accord avec cette comparaison..).


Serangan2Les coraux d’Amed : Après  notre première semaine de cours et la rencontre des responsables de Mitra-Bali et d’Acroporis (avec qui nous travaillerons, on en parle dans le prochain post), on se prend un week end loin du bruit. 4H de motor-bike en longeant l’est, montant un col entre les deux volcans de l’île pour redescendre sur le versant Nord Est. Amed, Lipah, Selang, Aas. Un coin qui sera malheureusement très rapidement très très touristique (vu les constructions en cours) mais qui est pour l’instant paisible. Premières apnées au milieu des coraux tropicaux, premières plongées sur une fantastique épave. Le soir on se délasse dans un warung tenu par un local, sur un petit promontoire entre deux baies, au coucher du soleil. Les copains du coin – pêcheurs, beach boys à la pêche aux touristes – viennent oublier une vie plutôt déprimante - pas d’argent, pas de perspectives d’avenir, … - et jouer de la musique : Bob Marley, Cat Stevens, Eric Clapton à la guitare et au jambé.  Les voix se font fortes, l’arak aidant.


L’Arak d’Amed : c’est l’alcool fort en Indonésie, fait avec du vin de palme. Une française habituée du pays (elle y passe deux mois tous les ans depuis 40 ans) nous prévient qu’il y a eu des morts l’an passé car l’arak produits par les familles est parfois mélangé avec de l’alcool frelaté, de l’éthanol. Trouillards comme Benoît est, il refuse tous les verres qu’on nous propose après cette information. Notre prof d’indonésien, Ika, nous apprendra plus tard que beaucoup pensent qu’il s’agit d’une rumeur lancé par le gouvernement. Oui, il y a parfois des morts mais il y en a toujours eu et mieux vaut être sûr du gars qui produit l’arak. Mais la vraie raison est probablement toute commerciale. L’importation des liqueurs et spiritueux à Bali est sous le monopole d’une entreprise dirigée par le fils du gouverneur de l’île. Ca sent un peu la république bananière… Prenant conscience de la compétition illégale, le gouvernement a décidé l’année dernière d’augmenter les taxes de tous les alcools forts – y compris évidemment ceux produits au moyen d’alambics dans les fonds des garages – de 115%. Résultat, les tarifs officiels des alcools forts sont devenus complètement prohibitifs pour les locaux qui ont été encouragés à faire leur propre production. La compétition augmentant, le gouvernement aurait lancé la « rumeur » de l’Arak qui tue…


Les Anak d’Amed : Anak, c’est enfant en Indonésien. C’est aussi le nom d’une association Helevetico-franco-espagnol d’Amed qui offre aux enfants défavorisés les possibilités d’une scolarité normale. 20€ / mois pour parrainer un enfant dans le secondaire, 40€ par mois pour les études supérieures. Près de 80 enfants des environs bénéficient de ce programme, 200 en tout sur l’île de Bali si on tient aussi compte de l’antenne princiAmed7pale située à Ubud. Les enfants qui ne s’investissent pas dans leurs études perdent le parrainage. Dur mais c’est un moyen redoutablement efficace et le programme semble fonctionner.La française rencontrée autour d’un verre d’arak est  elle- même marraine et vient donc voir sa filleule tous les ans. A chaque fois, la famille se fait un honneur de l’accu eillir royalement : un gamelan (orchestre traditionnel)pour son arrivée, un repas copieux, des danses,…). Elle nous explique, les larmes aux yeux, que celle-ci vient de rentrer au Lycée professionnel. C’est une immense fierté pour la famille, une perspective pleine d’espoir pour la jeune. Intrigués par cette ONG nous visitons leurs locaux et rencontrons un des éducateurs. On découvre ainsi les activités que ANAK Foundation met à disposition des enfants parrainés : cours d’informatique, sorties vertes et culturelles, cours d’anglais et d’indonésien ainsi que l’assistance médicale gratuite. Leur site : www.anak.fr

Publié dans Le voyage

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S
<br /> Coucou vous deux. Vous aviez bien essayé de ne pas nous envoyer le lien de votre blog mais google ne vous a pas lâché. Content d'avoir pu lire ces premiers articles très intéressants et illustrés<br /> par de superbes photos. Bravo bravo. En attendant d'en lire plus sur la Sulawesi.<br /> Bye<br /> <br /> <br />
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C
<br /> les photos sont magnifiques!!!On pense à vous, profitez-en bien!!!Bisous à tous les 2<br /> <br /> <br />
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G
<br /> Profitez bien ça a l'air super et faites nous voyager par procuration :) bisous de Normandie<br /> <br /> <br />
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