Le pari d’Acroporis

Publié le par projets.d.iles.over-blog.com

 MarquePageTUmbak.jpgDéfi environnemental, culturel, économique : Acroporis veut préserver cette zone paradisiaque en accompagnant les changements de mentalité afin que les habitants de Tumbak deviennent les acteurs du changement.

 

Une grande ambition qui a longtemps manqué de moyens. Les actions d’Acroporis ont commencé peu de temps après la fin d’un projet de 6 ans  de l’USAID (la coopération étasunienne) qui avait permis de mettre en place une aire marine protégée sur la zone. Mais la réussite de ce projet reposait sur les importants moyens financiers du bailleur qui permettaient de rémunérer directement les villageois pour la surveillance et le respect des règles de gestion de la zone. Le bailleur est parti, l’argent aussi et l’aire marine protégée n’existe plus. Cette expérience a donné aux habitants de Tumbak une certaine idée des ONG et des projets de développement. Acroporis a adopté une stratégie différente.

 

Acroporis a misé sur des initiatives qui viendraient des habitants eux-mêmes, agissant comme facilitateur et soutien technique mais en laissant la conduite du changement aux premiers intéressés. Chaque année trois, quatre jeunes (parfois plus) viennent s’immerger dans un endroit qui est à mille lieux de leur habitudes et de leur vie. Le travail a permis de réunir beaucoup de connaissance sur la mangrove, l’état écologique du récif, la culture bajau,…  Mais même si certains ont produit un énorme travail et se sont adaptés très rapidement, l’action locale a manqué de continuité et de transposition appliquée au terrain. Bon nombre de projets ont été envisagés : culture d’algue, cages pour l’élevage de mérous, micro-crédit,… sans dépasser le stade de la faisabilité. 

 

Ces faiblesses semblent en voie d’être dépassées puisque Yoan est depuis octobre 2009 permanent pour la structure. Marié avec une femFamilleYoan.jpgme du village, parlant parfaitement l’indonésien, il est aujourd’hui le seul qui peut développer un projet cohérent pour Acroporis. Lui-même stagiaire en 2008, il a passé la majeure partie des deux dernières années à Tumbak. Passionné de mer, de plongée, scientifique et naturaliste, il s’y trouve heureux. Il est aujourd’hui le représentant naturel et reconnu de Acroporis à Tumbak. A la fois intégré, et venant de l’extérieur, il ne connait que mieux les obstacles humains au développement des projets.

 

Ainsi, suite à une proposition d’Acroporis préparée par Yoan, certains villageois se sont réunis en une coopérative pour relancer la culture d’algues à Tumbak. Ce projet a reçu un soutien financier du gouvernement local. Quelques membres, sans en informer le reste de la coopérative, ont récupéré cet argent pour installer dans la baie des structures pour le grossissement des algues.

 

TumbakMatin.jpgLes autres l’apprenant finalement sont allés couper les fils qui tenaient les structures. Tout l’investissement a été perdu en quelques coups de canifs. La même histoire s’est produite avec les cages d’élevage de mérous que quelques villageois avaient pris l’initiative d’installer. Il semble que les solutions pour des revenus alternatifs et durables existent et les villageois le savent. Mais il faudra dépasser l’individualisme et la jalousie omniprésente qui tue dans l’œuf toute nouvelle initiative.

 

De ce constat est née une nouvelle initiative qui ne sert aucun intérêt particulier mais la restauration du milieu marin dont tous profitent. Ainsi Yoan et d’autres ont récemment travaillé sur une proposition pour l’immersion de structures en ciment destinées à la restauration corallienne. Cette proposition a été reprise puis déposée au service des pêches par les maires de Tumbak. Des premiers blocs ont été construits puis assemblés sur la rue du village, en attendant leur immersion. Cette sculpture a immédiatement attiré les curieux et il semble que les habitants y voient un exemple concret de ce qui peut être fait. Yoan, même s’il est sceptique sur la possibilité concrète de restauration, considère cette étape comme une clé d’entrée pour envisager plus globalement les problèmes de l’exploitation des ressources naturelles à Tumbak.  Il espère bien que ce projet constitue un « déclic psychologique » pour les locaux. TumbakMatin1.jpg

 

Nous sommes ici pour l’accompagner dans ce nouveau tournant. Nous nous accordons pour l’aider à développer un projet global et cohérent sur cinq ans. Première étape : réunir enfin dans un atelier  participatif les représentants du village afin de leur permettre d’évoquer les problèmes rencontrés, et les perspectives d’avenir.

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