Karaoké à Rantepao

Publié le par projets.d.iles.over-blog.com

BuffleMarcheRantepao.jpgBien sûr, il faudrait raconter les buffles massifs et tellement virils. Les étranges cérémonies funéraires, les greniers à riz aux toits élancés vers le ciel et les rochers creusés pour abriter les familles des morts, afin de préserver la terre fertile pour faire pousser le paddy. Et encore ces si poétiques arbres qui offrent un refuge aux enfants morts afin qu’ils continuent à grandir grâce à la sève qui traverse l’arbre et permet à ses branches de s’étendre encore. Oui mais nous ne serons sûrement pas les guides les plus érudits et les passionnants.

 

On conseille simplement pour une approche ethnographique mais néanmoins palpitante, le roman de Nigel Barley L’anthropologie n’est pas un sport dangereux qui voit son auteur retrouver, au milieu des cérémonies pour les touristes et parmi une population qui aspire à la modernité, un authentique prêtre-sculpteur toraja qui se cache derrière un vieil homme pauvre et banal. Il l’invitera finalement à Londres, pour une exposition extraordinaire au British Museum, animée par la construction d’un grenier à riz Toraja.ramasseusesRizRantepao.jpg

 

En contrepoint de cette culture traditionnelle et muséifiée, nous préférions vous proposer quelques impressions, légères et sans ambition, sur la culture  En effet à Rantepao, cœur et âme du pays Toraja donc, nous logions à deux pas d’une petite cahute de bois fraîchement peinte en bleu bord de mer et secouée toutes les nuits par les basses et les voix tremblantes et fiévreuses de la jeunesse locale qui s’égosille sur les derniers tubes à la mode mal enregistrés sur une cassette de karaoké achetée au marché local. Mais vous pourrez également y acheter un buffle dans ce marché.

 

Un autre soir, alors que nous cédions au confort d’un « plateau-repas » acheté au warung local, nous regardons distraitement les publicités qui occupent la moitié du temps d’antenne. Des jeune filles longilignes, plus occidentales qu’asiatiques, se cachent du soleil pour ne pas prendre de couleur jusqu’au moment où elles découvrent une crème blanchissante qui leur permet de sortir sans crainte à l’air libre. Ces crèmes remplissent en effet les rayons des supermarchés et recouvrent les visages des jeunes filles que nous rencontrons, qui envient notre blancheur.

 

RiziereTorajaBatutumonga.jpgC’est en regardant ces pubs qu’on comprend le plus sûrement que l’Indonésie nous suit, que ses jeunes ont les mêmes aspirations imbéciles, les mêmes caprices. Nous voudrions tellement que surtout ils ne changent pas et qu’ils restent « traditionnels ». Mais une dernière pub retient notre attention et nous rassure un peu sur la distance qu’il leur reste pour atteindre notre stade de développement. Une mère de famille réunit, réjouie et béate, sa famille à qui elle a préparé des manchons de poulet frits. Et l’image montre ces petits manchons plongeant délicatement dans un bon bain d’huile, perlée comme de la vichy-célestin. Apparemment l’obésité n’a pas encore touché le pays.

Publié dans Le voyage

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